Sommaire
Le deuxième trimestre illustre parfaitement la sensibilité des marchés face à l’imprévu. Entre tensions commerciales alimentées par des décisions politiques imprévisibles, escalades géopolitiques et revirements économiques, les marchés boursiers et obligataires mondiaux ont oscillé au gré de chaque nouvelle, parfois d’un simple tweet ou d’une conférence de presse.
Dès le début d’avril, la panique s’est emparée des marchés après l’annonce de nouveaux tarifs « universels » par l’administration Trump. Cette décision les a précipités dans leurs pires séances depuis 2020. Pourtant, ce choc a été de courte durée : la majorité des tarifs ont rapidement été mis sur pause, déclenchant un spectaculaire rebond boursier dès la seconde semaine d’avril.
Portés par cet élan, les marchés ont poursuivi leur progression en mai, galvanisés par la perspective de nouveaux accords commerciaux, des résultats d’entreprises solides, notamment les entreprises technologiques, et l’espoir de futures baisses de taux par la Réserve fédérale américaine (Fed). L’enthousiasme autour de l’intelligence artificielle (IA) a également regagné du terrain.
Cependant, le trimestre a de nouveau basculé en juin. L’escalade du conflit entre l’Iran et Israël a fait bondir les prix du pétrole de plus de 20 % en quelques jours, avant un recul en fin de mois, signe de la nervosité ambiante face aux développements géopolitiques.
Finalement, et malgré des soubresauts impressionnants, les principaux indices boursiers mondiaux ont terminé le trimestre en hausse. Certains, comme l’indice S&P 500, ont même renoué avec des sommets historiques.
Les marchés obligataires, en revanche, sont restés sous pression, pris en étau entre la crainte d’une reprise de l’inflation et la prudence des banques centrales.
Au 30 juin 2025
Variation T2-2025 |
Variation 1 an |
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Indices (%) | ||
Obligations canadiennes | ||
Obligations universelles FTSE Canada | ||
Obligations universelles FTSE Canada | -0,6 ▼ | 6,1 ▲ |
Actions canadiennes | ||
S&P/TSX Composite | ||
S&P/ TSX Composite | 8,5 ▲ | 26,4 ▲ |
Actions américaines ($ CA) | ||
S&P 500 | ||
S&P 500 | 5,1 ▲ | 14,8 ▲ |
Actions internationales ($ CA) | ||
MSCI MSCI EAEO | ||
MSCI MSCI EAEO | 6,3 ▲ | 18,0 ▲ |
MSCI Monde (ex. Canada) | ||
MSCI Monde (ex. Canada) | 5,8 ▲ | 16,1 ▲ |
MSCI Marchés Émergents | ||
MSCI Marchés Émergents | 6,4 ▲ | 15,6 ▲ |
Sources : FTSE International Limited, S&P Dow Jones Indices LLC et MSCI Inc.
Fermeture 30-06-25 |
Variation T2-25 |
Variation 1 an |
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Taux directeur au Canada (%) | |||
Taux directeur au Canada (%) | 2,75 | 0,00 | -2,00 ▼ |
Pétrole (WTI) | |||
Pétrole (WTI) | 65,11 $ | -4,5 % ▼ | -20,1 % ▼ |
Or | |||
Or | 3 303,14 $ | 5,7 % ▲ | 42,0 % ▲ |
EUR/CAD | |||
EUR/CAD | 1,60 | 3,1 % ▲ | 8,9 % ▲ |
JPY/CAD | |||
JPY/CAD | 0,01 | -1,4 % ▼ | 10,5 % ▲ |
USD/CAD | |||
USD/CAD | 1,36 | -5,2 % ▼ | -0,3 % ▼ |
Sources : Banque du Canada, Bloomberg Finance L.P.
Rendements nets de frais au 30 juin 2025 (%)
Source : Trust Banque Nationale.
* En date du 25 octobre 2024, le Fonds FÉRIQUE Actions internationales a acquis les actifs du Fonds FÉRIQUE Actions asiatiques dans le cadre d'une réorganisation et les objectifs de placement du Fonds ont été modifiés. Le rendement antérieur à la date d'entrée en vigueur de la réorganisation représente le rendement du Fonds FÉRIQUE Actions européennes (maintenant le Fonds FÉRIQUE Actions internationales) avec ses objectifs de placement antérieurs. La réorganisation et les changements apportés aux objectifs de placement auraient pu avoir une incidence importante sur le rendement du Fonds s'ils avaient été en vigueur pendant toute la période de mesure du rendement.
Titres à revenu fixe
Revenu fixe canadien
Au deuxième trimestre, le marché obligataire canadien a reculé de 0,6 %, selon l’indice des obligations universelles FTSE Canada. Un chiffre modeste, mais qui cache une grande nervosité.
En effet, les obligations canadiennes ont évolué dans un contexte particulièrement complexe ce trimestre. Bien que l’inflation au Canada ait atteint 1,7 % en mai sur une base annuelle selon Statistique Canada, la persistance de l’inflation sous-jacente encore tenace freine les espoirs d’une détente monétaire immédiate. De l’autre côté, le risque d’un ralentissement économique plus marqué a continué de planer sur le pays. Le taux de chômage a d’ailleurs atteint 7,0 % en mai au Canada.
Face à ces signaux contradictoires, la Banque du Canada a donc choisi la prudence en maintenant son taux directeur inchangé à 2,75 %, préférant préserver ses marges de manœuvre. À cela s’ajoute l’influence importante des taux américains : la volatilité des taux d’intérêt américains s’est répercutée sur les taux d’intérêts canadiens, les deux marchés étant très corrélés.
Aux États-Unis, après le choc tarifaire d’avril, les investisseurs, craignant une récession, se sont d’abord réfugiés dans les obligations, provoquant ainsi une baisse des taux des obligations du Trésor américain à 10 ans. Mais dès mai, ceux-ci sont repartis à la hausse, sous l’effet des inquiétudes liées à la dégradation de la note de crédit des États-Unis par l’agence Moody’s, des inquiétudes croissantes liées au déficit budgétaire américain, et de la perspective de nouvelles dépenses massives liées au projet de loi fiscale surnommé « One Big Beautiful Bill ». Le rendement des obligations du Trésor américain à 30 ans a même brièvement dépassé 5 %, un sommet depuis 2007.

Mais pourquoi observer le niveau des taux à 10 ans et 30 ans américains?
Parce qu’ils agissent comme de véritables baromètres de l’économie. Le taux à 10 ans reflète les attentes en matière de croissance et d’inflation à moyen terme : s’il baisse fortement, cela traduit souvent la crainte d’un ralentissement économique ou d’une récession, alors qu’une hausse signale plutôt des inquiétudes liées à l’inflation, à une économie en surchauffe ou à la santé des finances publiques. De son côté, le taux à 30 ans est plus sensible aux tendances structurelles de l’économie. Il donne une vision à plus long terme et réagit donc davantage aux anticipations sur la soutenabilité de la dette publique et sur les risques d’inflation durable.
Perspectives
Pour les mois à venir, la prudence restera de mise sur le marché obligataire canadien. Plusieurs sources d’incertitude persistent: la suite des négociations commerciales entre les États-Unis et leurs partenaires, les tensions géopolitiques au Moyen-Orient, ainsi que les indicateurs économiques qui continueront d’influencer les anticipations de taux.
De façon générale, le marché s’attend à ce que la Réserve fédérale américaine commence à réduire ses taux directeurs dans la seconde moitié de l’année, si l’économie américaine montre des signes de ralentissement et si l’effet inflationniste des tarifs douaniers reste limité. Si cette baisse de taux se concrétise, elle pourrait offrir un certain soutien au marché obligataire canadien qui est fortement corrélé au marché américain.
Enfin, même si l’année 2022 a laissé un souvenir douloureux, avec une chute simultanée des obligations et des actions, il ne faut pas oublier que les obligations conservent un rôle essentiel dans les portefeuilles. Elles restent une source précieuse de revenu et surtout un outil de diversification, capable d’apporter de la stabilité en période de turbulence sur les marchés boursiers. Dans un environnement où les chocs peuvent surgir à tout moment, cette fonction de protection demeure plus pertinente que jamais.
MARCHÉS BOURSIERS
Actions canadiennes
L’indice composé S&P/TSX a enregistré un gain de 8,5 % au deuxième trimestre. Après un début d’avril chaotique dans le sillage des annonces tarifaires américaines, le marché canadien s’est rapidement redressé.
Cette résilience s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, le Canada est resté en grande partie épargné par les nouveaux tarifs douaniers grâce à l’accord ACEUM (Accord Canada – États-Unis – Mexique), préservant son accès au marché américain. Ensuite, la vigueur des secteurs de la finance, des technologies de l’information et des matériaux a permis à l’indice de rebondir. La volatilité du prix du pétrole n’a pas profité significativement au secteur de l’énergie au cours du trimestre.
Toutefois, le contexte économique local reste fragile. La hausse du chômage et la pression des coûts du logement pèsent sur la consommation. Les perspectives à court terme restent donc teintées d’incertitude.
Actions américaines
L’histoire du marché américain au deuxième trimestre est celle d’un grand écart entre panique et euphorie. Après l’annonce de tarifs « universels » de 10 % sur toutes les importations vers les États-Unis début avril, l’indice S&P 500 a chuté rapidement. Il a même frôlé une baisse d’environ 20 % par rapport à son sommet historique, un seuil souvent perçu comme le signe d’un marché en déroute ou d’un pessimisme accru quant aux perspectives économiques.
Pourtant, et comme l’illustre le graphique ci-dessous, l’indice a rapidement rebondi après que la Maison-Blanche a décrété un moratoire de 90 jours sur la plupart des tarifs. La signature d’un accord commercial temporaire avec la Chine a par la suite amplifié le mouvement.
Mais le trimestre a également été marqué par l’escalade des tensions au Moyen-Orient. Bien que cette crise ait alimenté une nervosité temporaire, elle n’a pas suffi à enrayer le rebond boursier.

Résultat : le S&P 500 a effacé toutes ses pertes du printemps et a même atteint de nouveaux sommets en juin, terminant le trimestre en hausse de 10,9 % en dollars américains.
Cependant, exprimée en dollars canadiens, la performance est de 5,2 %. Cette différence s’explique par la dépréciation du dollar américain par rapport au dollar canadien. En effet, lorsque le billet vert perd de la valeur, les gains réalisés aux États-Unis valent moins une fois convertis en dollars canadiens, ce qui réduit le rendement pour les investisseur·ses canadien·nes. À l’inverse, si le dollar américain s’apprécie, cela peut amplifier les gains une fois ramenés en dollars canadiens.

Actions internationales et émergentes
Les actions internationales et émergentes ont elles aussi affiché de belles performances au deuxième trimestre. L’indice MSCI EAEO, qui regroupe les marchés développés hors Amérique du Nord, a progressé de 6,3 % en dollars canadiens. En Europe, la performance a été en grande partie tirée par l’Allemagne, grâce aux promesses d’investissements massifs dans le secteur de la défense et des infrastructures liées à la sécurité. Au Japon, la politique monétaire ultra-accommodante de la Banque du Japon a continué de soutenir le marché. Les solides résultats d’entreprises exportatrices ont aussi contribué à la performance, alimentés par les commandes avant la mise en place de nouveaux tarifs douaniers.
Les marchés émergents ont, quant à eux, enregistré une performance de 6,4 % en dollars canadiens selon l’indice MSCI Marchés émergents, et ce, malgré une situation contrastée. D’un côté, la Chine a été en première ligne de la guerre tarifaire. Initialement exclue du moratoire de 90 jours annoncé par Trump, elle a dû faire face à un relèvement de tarifs atteignant 145 %. Les indicateurs économiques s’en sont ressentis : les commandes à l’exportation ont chuté et les perspectives de croissance ont été revues à la baisse. De l’autre côté, des pays comme Taïwan et la Corée du Sud ont fortement bénéficié de l’enthousiasme renouvelé autour de l’intelligence artificielle et de la trêve tarifaire, qui a dopé les géants des semi-conducteurs.
Perspectives et risques liés aux marchés boursiers
Si le trimestre se clôt sur une note plus sereine qu’il n’avait commencé, l’horizon reste néanmoins chargé d’incertitudes. L’issue des tensions commerciales, les évolutions géopolitiques et les conflits qui s’enveniment, ainsi que la trajectoire des politiques monétaires à travers le monde continueront de façonner le climat des marchés. Plus que jamais, les prochains mois s’annoncent sous le signe de la vigilance et d’une volatilité persistante, dans un contexte où chaque nouvelle, qu’elle soit économique ou politique, semble désormais capable de provoquer des réactions extrêmes.
Conclusion
Finalement, ce trimestre aura rappelé une leçon essentielle : il est extrêmement difficile, voire impossible, de « timer » le marché. Qui aurait pu prédire, après la panique du 4 avril dernier, que le S&P 500 atteindrait de nouveaux sommets avant la fin du trimestre?
Céder à la panique ou tenter de sortir puis de revenir sur les marchés entraîne bien souvent des pertes ou, à tout le moins, un manque à gagner. Les investisseur·ses risquent de manquer le rebond qui survient fréquemment après des baisses marquées, ou de cristalliser des pertes en vendant dans la tourmente.
Il est donc essentiel d’avoir un plan d’investissement et de s’y tenir. La patience, la gestion des émotions et le maintien d’une vision à long terme sont autant d’outils précieux pour traverser les périodes de turbulence. Dans un environnement où l’imprévu est devenu la norme, la diversification et la gestion active conservent également toute leur importance.
Plus que jamais, rester discipliné et aligné sur ses objectifs à long terme est la clé pour atteindre son autonomie financière. Enfin, ne pas hésiter à consulter son conseiller·ère peut permettre de prendre du recul et de garder le cap sur ses objectifs, même lorsque les marchés semblent imprévisibles.
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