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Marchés boursiers et économie

Publié le Mis à jour le

Avril 2025 - L’après-coup de la « Journée de la Libération »

Pour paraphraser une célèbre remarque dont l’origine exacte se perd dans l’histoire : « Il y a des mois où rien ne se passe, et des semaines où des mois se produisent ». Les semaines d’avril en ont été un parfait exemple.

Férique

Dès le 2 avril, l’annonce de nouveaux tarifs douaniers par l’administration Trump a mis le feu aux poudres : une taxe « universelle » de 10 % sur toutes les importations vers les États-Unis, suivie de mesures plus ciblées dites « réciproques » allant jusqu’à 145 %, notamment envers la Chine. Ce coup de théâtre, aux allures de tragédie mal écrite, a provoqué une onde de choc immédiate sur les marchés boursiers et obligataires mondiaux. Résultat : chute brutale des indices boursiers, recul du dollar américain, effondrement des cours du pétrole. En quelques jours, les marchés ont vécu leurs pires séances depuis 2020.

Mais l’histoire ne s’est pas arrêtée là. S’en est suivie une panique générale, à laquelle se sont succédé des tentatives d’apaisement : moratoires, exemptions, déclarations conciliantes. Les marchés ont oscillé entre désarroi et soulagement, dans une ambiance de nervosité extrême où chaque mot de la Maison-Blanche pouvait faire ou défaire une tendance. Pour preuve : les marchés ont vivement rebondi le 9 avril, après que le président Trump ait annoncé un sursis de 90 jours accordé à la majorité des pays.

Dans ce climat d’incertitude extrême, les réactions ont été très contrastées selon les régions et les classes d’actifs. Les actions américaines ont été les plus secouées, avec une chute historique suivie d’un rebond dans les derniers jours du mois. En parallèle, l’Europe a subi les contrecoups des tarifs sur l’automobile, tandis que l’Asie, et surtout la Chine, voyait ses indicateurs industriels vaciller sous l’effet des nouvelles barrières commerciales.

Les banques centrales, quant à elles, ont adopté une posture prudente. La Réserve fédérale et la Banque du Canada ont maintenu leurs taux inchangés, insistant sur la nécessité de garder des marges de manœuvre face à un choc exogène — c’est-à-dire un événement extérieur aux dynamiques économiques habituelles — provoqué par des décisions politiques imprévisibles par exemple. Le mot « stagflation » a refait surface, reflet d’un dilemme de politique monétaire désormais bien installé : contenir une inflation alimentée par les tarifs sans compromettre une croissance déjà fragilisée.

Au 30 avril 2025

Fermeture
30-04-25
Variation
31-03-25
Variation
31-12-24
Taux directeur au Canada (%)
Taux directeur  au Canada (%) 2,75 0,00 % -0,50 %
Pétrole (WTI)
Pétrole (WTI) 58,21 $ -18,6 % -18,8 %
Or
Or 3 288,71 $ 5,3 % 25,3 %
EUR/CAD
EUR/CAD 1,57 0,9 % 5,0 %
JPY/CAD
JPY/CAD 0,01 0,8 % 5,3 %
USD/CAD
USD/CAD 1,38 -4,0 % -4,1 %

Sources : Banque du Canada, Bloomberg Finance L.P. 

MARCHÉ CANADIEN

-0,1 % (S&P/TSX Composite 30-04-2025)

Malgré une chute marquée en début de mois, le marché boursier canadien a réussi à limiter les dégâts en avril. L’indice composé S&P/TSX n’a reculé que de 0,1 %, terminant pratiquement à l’équilibre après un rebond dans la seconde moitié du mois. Cette relative résilience s’explique en grande partie par le fait que le Canada ait été épargné par les tarifs « universels » imposés par Washington en vertu de l’accord de libre-échange USMCA.

Toutefois, tout n’a pas été rose. La forte baisse du prix du pétrole — près de 20 % en un mois — a lourdement pesé sur le secteur de l’énergie, traditionnel pilier du marché canadien. La tenue des élections fédérales, dans un contexte déjà alourdi par les tensions commerciales, a aussi contribué à un climat d’incertitude.

Du côté obligataire, les taux canadiens ont remonté, reflétant à la fois une hausse des anticipations d’inflation liée aux tensions commerciales et une posture attentiste de la Banque du Canada qui a choisi de maintenir ses taux inchangés. L’indice FTSE Canada Univers a donc reculé de 0,6 %, pénalisé par cette remontée des taux à moyen et à long terme.

MARCHÉ AMÉRICAIN

-4,7 % (S&P 500 30-04-2025 en CAD)

Le mois d’avril a été marqué par des mouvements de prix d’une ampleur exceptionnelle à Wall Street, avec des baisses et des rebonds parmi les plus intenses des dernières années. Le marché a réagi fortement aux annonces tarifaires de l’administration Trump et à des signaux économiques de plus en plus ambigus.

Les taux d’intérêt américains ont aussi connu de fortes variations, chutant d’abord dans un réflexe de prudence, avant de remonter rapidement sous l’effet des craintes inflationnistes. Fait inhabituel, le dollar américain a reculé face à plusieurs grandes devises, dont le dollar canadien, malgré l’environnement d’aversion au risque.

La nervosité a été renforcée par les attaques publiques de Trump contre la Réserve fédérale, remettant en cause l’indépendance de l’institution. Même si Jerome Powell a été confirmé à son poste, cette remise en question a accentué l’incertitude des marchés.

En toute fin de mois, les chiffres du PIB pour le premier trimestre sont venus ajouter un peu plus de pression. L’économie américaine s’est contractée de 0,3 %, sa pire performance depuis 2022. Cette surprise négative s’explique notamment par un bond des importations en mars, les entreprises ayant anticipé les hausses tarifaires en constituant des stocks, ce qui a mécaniquement pesé sur la croissance.

Finalement, l’indice S&P 500 a terminé le mois en baisse de 0,7 % en dollars américains, mais la correction est plus marquée pour les investisseurs canadiens, à -4,7 % en dollars canadiens, à cause du recul du billet vert. Tous les secteurs ont terminé le mois dans le rouge.

MARCHÉS INTERNATIONAUX

0,5 % (MSCI EAEO 30-04-2025 en CAD)

L’indice MSCI EAEO a terminé le mois d’avril en territoire légèrement positif, avec un gain de 0,5 % en dollars canadiens et une performance neutre en devise locale.

L’Europe a été directement touchée par les tarifs américains, notamment sur les véhicules et certains biens industriels, mais a bénéficié de signes d’ouverture à la négociation. En réponse à la fragilité économique persistante, la Banque centrale européenne a abaissé son taux directeur pour la septième fois consécutive, à 2,25 %, tout en adoptant un ton plus prudent face à l’environnement international. Au Japon, la stabilité des relations commerciales avec les États-Unis et la volonté de négocier un accord ont rassuré les investisseurs.

Sur le plan sectoriel, les biens de consommation de base, les produits industriels et les services de communication ont été les principaux contributeurs à la performance de l’indice. À l’inverse, le secteur de l’énergie, affecté par la chute des prix du pétrole, et celui des soins de santé ont pesé sur les résultats.

MARCHÉS ÉMERGENTS

-2,7 % (MSCI Marchés Émergents 30-04-2025 en CAD)

Les marchés émergents ont été doublement affectés : directement par les hausses tarifaires de Washington et, indirectement, par la fuite généralisée des capitaux vers des actifs jugés plus sûrs. L’indice MSCI Marchés émergents a reculé de 2,7 % en dollars canadiens et de 0,2 % en devises locales.

La Chine a été en première ligne. Exclue du moratoire de 90 jours annoncé par Trump, elle a dû faire face à un relèvement de tarifs atteignant 145 %. Les indicateurs économiques s’en sont ressentis : les commandes à l’exportation ont chuté et les perspectives de croissance ont été revues à la baisse. Toutefois, le gouvernement chinois envisage déjà de nouvelles mesures de soutien, notamment via des baisses de taux et des relances fiscales ciblées.

À l’inverse, le Mexique s’est relativement bien tiré d’affaire, affichant une performance plus stable, lui aussi exempté de certains tarifs grâce à l’accord de libre-échange USMCA.

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